Le chat Ditou

J'ai révé que je rencontrais un des rennes qui avait participé à la tournée du Père Noël, tout juste terminée.

"D'accord, ce n'est qu'une très longue journée de travail par an, mais quel travail !", il m'a dit en soufflant encore de tant d'efforts.

"J'imagine...", j'ai répondu, compatissant.

"Cette année, il a même fallu aller en Chine ! Eux aussi veulent fêter Noël maintenant et avoir des cadeaux !".

Il a continué à se lamenter en m'indiquant sur le globe terrestre le long chemin parcouru pour apporter tous ces cadeaux à travers le monde, sans avoir le droit d'être en retard pour les livraisons !

"Le Père Noël doit dormir pour récupérer, non ?!" j'ai pensé.

"Tu parles ! Impossible pour lui comme pour nous de trouver le sommeil durant plusieurs jours aprés la nuit de Noël... La fatigue, l'excitation... Impossible de trouver le sommeil !", il s'est agacé.

"Vous avez quand même beaucoup de chance, tout le monde vous aime, tout le monde rêve de vous... Même moi, un chat en peluche !".

"C'est vrai. Sans ça, ce serait de l'esclavage et je refuserais de continuer à accompagner le Père Noël".

"Au fond, j'aurais pu arriver un Noël, avec vous, au pied du sapin de Philippine", j'ai dit, la voix un peu serrée.

J'ai pensé aussitôt que c'était idiot et combien le plaisir que j'avais eu de voir Philippine tendre ses bras vers moi au magasin avait été immense.

"Cultive ton bonheur plutôt que tes regrets", a dit le renne.

"Tu as tellement raison!", j'ai répondu.

Un bruit dans l'appartement m'a subitement réveillé. Je savais qu'en refermant les yeux, je ne retrouverais pas le renne. Un peu déçu à cette idée, je me suis quand même rendormi rapidement.

Alors que je dormais profondément, une fée est apparue dans mes songes.

"Autant te le dire de suite, je suis une fée qui ne fait rien !" , m'a-t'elle prévenu.

"Ah ?! Une fée sans pouvoirs... Alors comment peux-tu dire que tu es une fée ?!", j'ai répondu, surpris.

"Tu le vois bien ! Et puis c'est toi qui as rêvé de moi, c'est toi qui m'a donné vie... Sans aucun pouvoir !".

"C'est exact, je vois bien que tu es une fée", j'ai dû reconnaître.

"Tu rêves donc de fées... Sans pouvoirs !'.

"Pourquoi ?!".

"Je n'en sais rien ! D'habitude, on me donne certains pouvoirs, mais toi, non !".

"Je t'ai donc fait venir pour rien ?!", je me suis excusé.

"Non... Puisque nous discutons ensemble".

"C'est vrai. Peut-être que discuter avec quelqu'un, même une fée, est pour moi plus important que des supposés pouvoirs qui rendraient la vie merveilleuse ?!...".

"Toi tu es amoureux, tu n'as pas besoin d'une fée !", s'est étonnée la fée.

"C'est vrai, je me sens si heureux que je n'ai rien à demander à une fée pour être plus heureux encore ! J'aime Lucie !!".

"Ditou, profite de ton bonheur, aujourd'hui", elle a dit.

La fée a disparu et j'ai soufflé d'aise. Si le bonheur d'aujourd'hui n'est pas forcément celui de demain, il faut savoir s'en nourrir, pleinement !

J'ai rêvé qu'avec Lucie, nous avions un enfant ! Si notre enfant (fille ? garçon ?) avait hérité du gris de mon pelage, son apparence ne laissait aucun doute : c'était une souris ! Peu importait, mes yeux brillaient devant ce mélange de Lucie et de moi.

Tous les enfants sont beaux... Seuls les adultes peuvent les "abîmer", leur cabosser les ailes... Avec Lucie, nous étions si heureux  de voir grandir notre amour à travers notre enfant...

Laurence, Michel et Philippine regardaient avec des yeux écarquillés le résultat de notre amour !

"Sachez que vous ne serez jamais des parents modèles mais y tendre de toutes vos forces sera votre route... Sans vous oublier vous-mêmes !... La facilité n'est jamais payante... Soyez heureux, ensemble...", nous ont-ils dit avec des étoiles dans les yeux.

Nous nous regardions encore, Lucie, notre enfant et moi, émerveillés par ce miracle de la vie !! 

La nuit dernière j'ai fait un cauchemar... Terrible ! J'étais devenu prisonnier de la "Secte des œufs colorés". A ce titre, je n'avais plus aucun droit, certainement pas celui de pouvoir retrouver Lucie, Laurence, Michel ou bien Philippine pour leur parler.

Lucie devait m'attendre fiévreusement.

Philippine devait me chercher sans comprendre mon absence.

Quant à  Laurence et Michel, ils ne pouvaient n'être d'aucune aide puisqu'ils ignoraient où je me trouvais...

"Tu finiras par tout oublier", disait une voix que je n'arrivais pas à localiser. "Regarde encore les œufs colorés et tu oublieras ceux qui te manquent aujourd'hui", ajoutait la voix avec plus de fermeté. Impossible ! Pensais-je. Impossible d'oublier ceux que j'aime ! Le regard de Laurence et Michel flottait sur moi, la tendresse de Philippine, l'amour de Lucie également !

Je n'ai jamais été aussi content d'être réveillé tôt par la voix de Laurence qui avertissait Philippine qu'elle devait aller déjeuner puis s'habiller pour aller à l'école. Ouf ! J'allais retrouver Lucie qui dormait encore...

La nuit dernière, au détours d'un rêve, j'ai rencontré un ange ! Il m'a parlé de Dieu (?). Il m'a dit que c'était pour lui une sorte de grand patron qui l'avait détaché auprès des peluches "vivantes" comme moi pour les aider à s'élever spirituellement dans la foi de Dieu (le grand patron, quoi !).

J'ai répondu à l'ange que je préférais encore parler au voisin plutôt qu'à un inconnu ! L'ange a fait la grimace, il m'a dit qu'en réagissant ainsi, il ne m'arriverait rien de bon puisque je refusais l'aide de son grand patron... Il est reparti en me disant de bien réfléchir à ce qu'il mavait dit. Réfléchir à quoi ?! L'ange avait même été incapable de me dire à quoi ressemblait Dieu, son grand patron ! En fait, il me demandait d'aimer et d'écouter quelqu'un sans même le connaitre, sans même l'avoir rencontré.

Non ! Je préférais rester spirituel... A ma façon.

Je me réveillais, heureux d'être vraiment débarassé de cet ange !

Ce matin en me réveillant, j'avais encore la tête remplie d'un rêve bizarre. J'avais fait la connaissance de deux amis (étrangement rouges ?!). Enfin des peluches qui parlaient comme moi. Nous avons rigolé ensemble, ils m'ont parlé du pays dans lequel ils vivaient et où tout était translucide, où les couleurs restaient à inventer.

Ainsi, ils ont créé des océans remplis de grenadine, des montagnes, des rues, des habitations, de la végétation, des déserts... Tout en rouge ! Je leur demandais si ce n'était pas trop lassant de tout voir en rouge ?... On rigolait encore... Je leur disait pourtant que le contraste des couleurs pouvait être magnifique, la couleur de chaque saison surprenante...

Non ! Ils voulaient du rouge ! Partout ! Sinon, ils risquaient de disparaître, dévorés par les autres couleurs...

Ils m'ont salué et ils sont vite repartis dans leur monde rouge. J'étais leur amis mais je n'étais pas rouge ! En restant trop avec moi, ils se mettaient en danger. Il y avait trop de couleurs sur moi, trop de couleurs autour de moi, il fallait vraiment que l'on se sépare.

Je les regrettais déjà, persuadé cependant que mon monde était plus beau que le leur. Mon monde que j'aurais tant aimé leur faire partager plus longtemps.

La nuit dernière, j'ai rêvé que je devanais roi (bon, d'accord, un peu à la Freddie Mecury !)...

Laurence et Michel étaient mes serviteurs, à l'écoute de mes envies et y répondant avec la plus grande servitude. Profitant de mes nouveaux pouvoirs, je demandais à mes serviteurs de libérer tous les animaux en peluche enfermés dans les magasins de la ville pour les amener dans "mon palais". Un à un, les animaux arrivaient et venaiet me saluer, proférant des louanges en mon nom pour me remercier de ma bonté. Je leur promettais en retour que jamais ils ne seraient laissés seuls dans le recoin d'une chambre d'enfant, qu'ils resteraient toujours libres et heureux.

Tous les animaux (excepté Pitchou, prié de rester calmement à lécart) sont venus par groupes successifs poser avec moi pour les photos souvenirs. Philippine criait à toutes et à tous que j'étais le roi chat en peuche le plus génial du monde !!

C'est alors que Michel est entré dans la chambre pour demander à Philippine de se réveiller. J'ai ouvert mollement les yeux, perdant à cet instant tous mes pouvoirs...